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Les femmes à l’honneur !

Commis d’Alexandre Koa lors du Trophée Philippe Etchebest, Victoire Lahaye a marqué les esprits par la qualité de son travail et son âme de compétitrice. Découvrez son parcours et ce qui l’anime dans son métier.

Interview de Victoire LAHAYE

Commis d’Alexandre Koa lors du Trophée Philippe Etchebest

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Victoire Lahaye, j’ai 20 ans et je suis en Bachelor art culinaire entreprenariat option cuisine à Ferrandi Bordeaux lac !

Parle nous de ton parcours :

Je ne viens pas du tout du milieu de la cuisine de base. Je voulais faire médecine en sortant de mon BAC S car j’ai toujours aimé apporter mes services aux personnes.

Le COVID m’a fait me poser beaucoup de questions et j’ai ressenti le besoin d’aller dans un métier où je pouvais faire mes propres choix et être libre de travailler partout dans le monde. Mon père m’a demandé « Pourquoi pas la cuisine ? Tu as des facilités… ».

Pour moi, c’était un loisir qui me permettrait d’extraire tous les problèmes que j’avais à côté et je n’avais jamais imaginé que ça devienne mon métier. Il m’a dit que si j’avais envie d’essayer autant mettre la meilleure école. J’ai passé les entretiens chez Ferrandi et voilà où j’en suis !

Raconte-nous ton expérience lors du salon Exp’Hôtel :

Le Trophée Philippe Etchebest a été un vrai déclic dans ma carrière. J’ai adoré la cuisine chez Ferrandi, j’ai adoré tout ce que j’ai vu mais avant ce concours il n’y a pas CE truc qui me poussait et me donnait vraiment envie d’être la meilleure. Je ne l’avais jamais ressenti auparavant !

As-tu une anecdote à nous raconter ?

En tant que commis des candidats, quand on est arrivé le jour du concours on ne savait ni le candidat avec lequel on allait être ni sa recette. On ne les avait jamais rencontrés et ce n’est pas comme quand tu travailles avec un binôme que tu connais et avec lequel tu as l’habitude.

Moi qui suis assez sensible j’avais peur. Je me disais « imagine je fais une bêtise et je lui loupe tout son plat je m’en voudrais tellement »…
Quand j’ai vu les candidats, bien que je n’en connaissais aucun il y en avait un avec qui je voulais être, c’était Alexandre Koa. Il avait l’air simple et sympathique.

Après le tirage au sort j’ai eu de la chance, je suis tombée avec lui. Je lui ai demandé « je t’appelle comment pendant l’épreuve, chef ? ». Et là je m’en rappelle c’est ce qui m’a fait complétement retomber la pression, il m’a répondu « Ah non Victoire ! Tu m’appelles Alexandre ou Alex comme tu veux mais ici il n’y a pas de chefs, on est à deux. J’ai autant besoin de toi que de mon travail ».

Il m’a dit dès le départ que mon travail avait autant d’importance que le sien. Il était humble, humain et il m’a fait confiance et donné des responsabilités. Au moment où on est monté sur le podium après l’annonce de la victoire d’Alexandre, il a pris ma main et l’a levé comme les vainqueurs américains. Par ce geste Alexandre montrait que sans moi il n’y serait pas arrivé et c’était vraiment humble de sa part, ça m’a marquée !

Qu’est-ce que ça t’a apporté sur le plan personnel ?

J’avais besoin qu’on me redonne un peu confiance. Voir que mes talents ont permis de nous faire gagner je me suis dit « tu as peut-être vraiment ta place dans ce milieu ». Ça m’a vraiment boosté et maintenant ma passion ne fait que s’accroître !

La veille j’étais inconnue le lendemain tout le monde venait me serrer la main, me féliciter c’était un truc de dingue ma vie a été bouleversée ! Cette opportunité-là elle m’a permis de rencontrer des gens que je n’aurais jamais pu rencontrer de manière générale. Toutes ces personnes formidables et grandioses du monde la cuisine ça a été un truc de dingues de pouvoir les rencontrer, leur parler et quand ils te disent que t’as fait un beau travail c’est génial !
J’avais la tête dans les nuages, je n’avais pas envie que ça se termine le moment était trop beau.

François Adamski est venu quelques semaines après chez Ferrandi Bordeaux Lac, il a salué toute la cuisine avant de venir me voir en dernière et me dire « tu n’as pas reçu de trophée pour le meilleur commis mais s’il existait, j’aurais vraiment aimé te le donner ». C’était vraiment incroyable !

La place de la femme dans la gastronomie / dans le monde la cuisine aujourd’hui :

Tout ce que je peux dire, c’est par rapport à mon expérience actuelle qui n’est pas énorme mais ce que je constate, c’est que depuis quelques années la femme est beaucoup plus incluse dans la cuisine que ce soit dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Depuis Anne-Sophie Pic notamment j’ai la sensation que la femme est plus mise en avant. On se rend plus compte de sa force en cuisine.

Selon moi, on a besoin de tout type de personnes en cuisine. Certaines vont enchaîner, vont taper fort mais d’autres vont avancer plus lentement, avec plus de précision.
Je pense que l’on a besoin de plein de personnes différentes dans une cuisine, un homme n’aura pas la même vision d’un plat qu’une femme ! 

Un conseil à donner à quelqu’un qui hésite à rentrer dans ce milieu ?

Je trouve que c’est un très bel avantage de pouvoir faire différentes études dans sa vie et j’aurais tendance à penser que si une personne hésite ; autant tester !
Au pire si la personne n’aime pas elle change de chemin, mais elle n’aura pas de regret. On a qu’une vie, autant essayer !

Je suis quelqu’un de très sensible et au début en cuisine ça a parfois été un petit point faible pour moi car quand on est en cuisine il faut être fort et être mentalement costaud. J’ai dû faire beaucoup d’efforts et aujourd’hui je suis fière de moi.

Quels sont tes projets dans le futur et qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?

Je pars 4 mois en stage au Bristol à Paris, dans les cuisines de Éric Frechon et Loïc Dantec qui sont de très grands de la cuisine. J’ai énormément hâte d’y être, je pense que ça va être une expérience incroyable, j’ai énormément de chance.

Plus tard j’aimerais travailler à l’étranger, pouvoir faire découvrir la gastronomie et les techniques françaises.
De continuer sur cette belle lancée, honnêtement j’ai la sensation d’avoir trouvé ma place.